Désir de femme ! La maternité fait-elle de moi une femme ?

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Désir de femme ! La maternité fait-elle de moi une femme ?

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La maternité fait-elle de moi une femme ?

J’ai été interpellé par ces mots d’une femme reçue à mon cabinet :

«  Je pensais qu’en devenant maman, je deviendrais femme et que j’allais grandir ».

Cette maman venait me voir car elle n’arrivait pas à vivre sereinement dans son couple, à se sentir femme, en particulier dans les relations sexuelles. Elle était épouse, elle était mère, mais ne se sentait pas femme. Comme si ces différentes fonctions, ces différents rôles, avaient fait oublié qui elle était elle-même.

  1. Devenir femme.

    La femme devient mère par la naissance. Mais ce n’est pas la naissance d’un enfant qui fait la femme.

    Une maman, quand elle met au monde un enfant, elle donne naissance à une petite fille ou un petit garçon. C’est comme un cadeau de départ pour bien démarrer dans la vie.

    Mais l’homme ou la femme que je vais devenir, cela se construit au jour le jour. C’est la façon dont je vais déballer ce cadeau, la façon dont je vais faire fructifier ce que j’ai reçu au départ. Il peut arriver que, par peur de ne pas bien utiliser ce présent de départ, je n’ose développer, épanouir cet être d’homme ou de femme.

    En devenant mère, je me mets comme au niveau de ma propre mère. Je pense alors peut-être réaliser mon être de femme car la femme qui m’a mise au monde est justement ma mère. Mais en fait, ce que je fais, c’est transmettre la vie à un autre enfant. Je reste dans cette problématique de mère-fille. D’ailleurs, il n’y a qu’à voir tout ce que cela rejoue entre la mère devenue mamie et la nouvelle maman.

  2.  Etre femme.

    1. La femme, qu’elle soit mère ou pas, apprend la vie, apprend à vivre. C’est la Vivante.

      Les identités de mère, de fille, sont des identités qui font référence à une autre personne. Comme si mon existence dépendait de ces personnes.

      Mon identité de femme est propre. Certes, elle porte ce nom commun aux autres femmes. Et c’est important de pouvoir se dire femme comme ces autres femmes qui ne sont pas de ma famille mais qui sont comme de mon groupe.

  3.  Etre une femme comme les autres femmes.

    Je pense à cet échange entre une femme et son compagnon dans mon cabinet :

    « – Tu dis que je suis mignonne et jamais que je suis belle.

    – Mais ça veut dire pour moi la même chose.

    – Pas pour moi. Pourquoi me dis-tu parfois que tu trouves cette femme à la télévision belle et non pas à moi ?

    –  Justement parce que je ne te vois pas comme ces autres femmes. Tu es celle que j’aime. Alors je te dis un mot particulier à toi : « mignonne» ».

    – Et bien j’aimerais ne pas être seulement unique pour toi, mais d’être à tes yeux comme les autres femmes, comme une femme tout court…. Peut-être alors, aurais-tu plus de désirs pour moi ! »

    Oui, être unique aux yeux d’un autre, que ce soit ses parents, son enfant, son compagnon, cela donne de la valeur. Mais cette valeur n’a de sens peut-être que si elle peut se relier à plus grand que soit, à un groupe générique appelé : femme.

    Etre non seulement unique mais aussi comme tout le monde : ne serait-ce pas aussi une valeur, quelque chose qui nous construit ?

  4.  S’affirmer comme femme.

    Pouvoir s’affirmer comme femme, n’est-ce pas affirmer que ma vie n’existe pas seulement au regard des autres mais aussi de moi-même ? N’est-ce pas entrer dans cette autre famille du genre humain que nous appelons les femmes ?

    Autant la mère peut justifier de ce qu’elle est par l’enfant qu’elle a mis au monde. Autant la fille peut justifier de ce qu’elle est par la mère qui l’a mise au monde. Mais la femme, elle est de fait. Elle est cette petite fille devenue ce qu’elle a fait de ce qu’elle a reçu. Elle est ce qu’elle est devenue.

    Qu’elle soit alors mère, c’est quelque chose qui peut épanouir son être de femme, lui donner une autre dimension mais pas lui donner son identité de femme.

    Qu’elle soit épouse ou compagne, cela peut être une façon pour elle de vivre sa vie de femme, mais aussi parfois de cacher son identité de femme.

    Fondamentalement, même si la femme n’est ni mère, ni épouse, elle est femme, de fait.

  5.  Etre femme  dans la rencontre de l’homme.

    Certes, nous le savons, la rencontre de l’homme et de la femme, cette rencontre des sexes, peut être aussi révélatrice de mon identité différenciée. Car il n’y a pas que dans la ressemblance que notre identité se construit. La différence nous sort aussi de l’indifférence.

    Oui, la femme peut devenir plus femme dans cette rencontre de celui qui lui est différent par certains aspects : l’homme, à partir du moment où cette rencontre se fait d’humain à humain. Non pas tant la rencontre de la femme et de son mari, ou de la mère et du père,  qui sont dans un registre certes riche parfois mais en référence l’un par rapport à l’autre. Mais plutôt dans cette rencontre propre et singulière qui fait que je peux dire mon nom indépendamment du tien et accueillir le tien indépendamment du mien.

    Et à ce titre, la femme peut exister aux côtés de l’homme. Non pas comme si elle était née du côté de l’homme. Mais bien plus comme si elle était née, elle aussi, de cette humanité commune à laquelle elle participe et qu’elle enrichit par le simple fait d’exister.

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