La dépression, qui peut la comprendre?

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La dépression, qui peut la comprendre?

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Qui peut comprendre la dépression ?

La dépression permet aujourd’hui de qualifier bien des états d’âmes, des baisses de moral, des passages à vide.

  1. S’agit-il toujours de dépression ?

    La dépression, c’est bien plus qu’un mal-être. C’est une souffrance indescriptible, une plaie émotionnelle profonde. Elle atteint mon centre vital et réveille en moi cette question fondamentale : « Pourquoi vivre ? »

    Véritable question métaphysique qui nous arrive comme un boomerang qu’on se prend en pleine figure : Pourquoi vivre ? Pour quoi vivre ? Quel est le sens de ma vie ?

    Qui dit vivre, dit mourir. Qu’est-ce qui a le plus de valeur ?

    Dans la dépression, la mort et la vie ont une valeur égale, à savoir : aucune.

    D’ailleurs, l’espace même du vivant en moi et autour de moi est restreint à la proximité d’un fauteuil ou d’un lit. L’existence a perdu son goût. « L’environnement des personnes et des espaces est devenu inaccessible ». (F.Roustang. Il suffit d’un geste)

    Cela est d’autant plus terrible que je suis comme coupé en deux. Comme si mon corps me lâchait et mon esprit s’emballait. Impossible de me raisonner.

  2.  Que de « bonnes paroles » inutiles!

    Alors vous comprendrez que ces « bonnes paroles » sont totalement à côté de la plaque :

    • « Arrête de trop t’écouter » : alors même que le problème de la personne en dépression est de ne pas arriver à s’entendre elle-même.
    • « Fais un effort » : comme si la dépression était l’apanage des faibles et qu’il suffisait de volonté pour faire bouger une voiture dont le moteur est en panne.
    • « T’es bien trop centrée sur toi » : mais le centre du monde, justement, ce n’est plus moi puisque je ne sais même pas qui je suis ni ce que je veux.
  3.  La dépression atteint le profond de mon être.

    Oui, la dépression touche à mon identité. : Qui suis-je ? Avec toutes les variantes de ce questionnement : « A quoi suis-je utile ? », « Quelle est ma place en ce monde ?…  La dépression est une déréliction, une extrême solitude, une perte de soi terrible. Comme si ce qui me restait de moi, de ce monde n’était que souffrance. Une souffrance, une violence que je ressens d’abord contre moi-même.

    La dépression est un type de violence tourné vers soi. Peut-être justement parce qu’il y a ce sentiment de ne être à sa place dans ce monde, ni ailleurs. Il ne faut peut-être pas s’étonner que dans des sociétés qui prônent un individualisme et un libéralisme forcené, la dépression se répande comme une véritable épidémie. Combien se sentent « à côté de la plaque », ou « mis de côté » ? Combien de « déviants, d’anormaux, d’asociaux, d’inadaptés » … tous les « pas comme tout le monde » ? Lorsque la force, la volonté, le succès sont les seules valeurs prônées comme chemin de réalisation de l’Homme, pas étonnant que l’être humain se fissure à un moment donné de son existence.

  4.  Cela peut nous arriver à tous.

    Ce n’est pas une question de force ou de faiblesse. Un jour, ce grand écart que nous faisons dans la vie pour rester un homme et une femme « respectable » et « respecté », un jour cela cède. Sans crier gare. D’un seul coup. Et c’est le gouffre. Le trou noir. Le vide.

    Plus qu’une claque prise en pleine figure, c’est ma propre figure qui part en éclats. Suite à un licenciement, à un burn out, à un examen, à …pas grand-chose parfois, du moins, en surface. La goutte d’eau qui fait renverser le vase.

    Certes, il y a autant de dépressions que d’individus. Le reconnaître, c’est déjà reconnaître l’être humain qui existe dans la dépression alors même qu’il semble ne plus exister. Pour autant, à chaque fois, il s’agit d’une violence faite à soi-même pouvant aller jusqu’à l’auto-élimination, une souffrance incompréhensible devant ce qui n’est pas compréhensible, une incapacité ou non volonté de s’adapter à ce monde tel qu’il nous défigure.

  5. Que faire si je ne comprends pas ma propre dépression ?

    Alors qui peut comprendre la dépression si celui ou celle qui la vit n’en saisit que le rien ?

    Peut-être déjà rester un homme, une femme, un être humain aux côtés de celui, de celle qui est traversé(e) par cette dépression. Non pour chercher à comprendre, à excuser, justifier ou accuser mais pour rester en contact, au contact de celui ou celle qui le vit.

    Peut-être accepter de poser en soi-même, en dehors de toute dépression, cette question ouverte : Pourquoi vivre ? Question que nous évitons si souvent sous bien des occupations et des consommations. Comme si cette question si douloureuse pour celui qui souffre de dépression pouvait être entendue en moi-même qui demeure à ses côtés, de façon posée. Sans réponse. Comme un horizon.

    Peut-être permettre que se recrée comme naturellement le tissu du vivant : ces relations à soi-même, aux autres, au monde, à la nature. Comment ? En n’y faisant pas obstacles par nos réponses toutes faites. En gardant cette souplesse forte et fragile qui fait que la vie est vivante et cherche toujours un nouvel équilibre.

    Vous me direz peut-être que tout cela n’est pas très concret, pas grand-chose. Qu’il y a des thérapies, des médicaments, des aides qui peuvent soulager une personne en pleine dépression.

    Certes, tout cela peut être fort utile. Ces outils sont d’autant plus efficaces s’ils viennent accompagner la personne dans son processus vital. Le risque serait de chercher à taire la parole qui essaie de naître et de renaître au travers de cette dépression. Comme pour se rassurer soi-même.

    Or, avant tout, il s’agit bien d’être avec celui qui ne se sent plus être.

    Mis en relation, remis dans cette relation, alors, le vivant peut se frayer un chemin en chacun.

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