« Mon mari demande des choses que je n’ai pas envie de faire ! ».
« J’avais 15 ans, c’était mon premier amour, je me suis senti obligée de faire une fellation. Je ne voulais pas paraître idiote ou coincée ».
Ces mots ont été prononcés dans mon cabinet par une femme de 30 ans aux prises avec un problème de désir. Et ce n’était pas la première fois.
Combien de pression aujourd’hui sur nos relations sexuelles que nous voulons libres et libérées !
Pour paraître « normale » je m’oblige à faire ce qui, aujourd’hui, pour moi, n’est pas ok.
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Savez-vous que vouloir forcer la liberté de l’autre, fait bien souvent l’effet inverse ?
Ne nous étonnons pas qu’il puisse apparaître parfois comme des « blocages ». Nous allons peut-être penser que ces blocages viennent de la personne qui n’ose pas faire tel ou tel geste sexuel. Comme si tout le monde, tout de suite, devait accepter de faire tous les gestes amoureux. Comme si tout couple dit « normal » était supposé les faire. Excepté notre partenaire!
Et si ces blocages venaient du fait que nous ne nous laissons pas le temps de découvrir, d’élargir peu à peu, le champ de notre langage sexuel ?
Honte à celui ou celle qui ne « serait » pas libéré(e) ! ?
Peut-on parler de liberté sexuelle si elle se fait obligation à tous de faire comme tout le monde ?
La liberté sexuelle serait-elle de tout savoir faire avec un autre ? De pouvoir tout faire avec un autre ? La liberté sexuelle serait-elle dans le savoir et le pouvoir ?
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Quel est donc le chemin de la liberté sexuelle ?
N’y aurait-il pas un chemin de liberté dans le fait de découvrir librement avec l’autre, progressivement, ces gestes sexuels qui nous donnent du plaisir, qui alimentent notre relation ?
Oui, il est vrai que selon nos cultures, nos croyances, nos expériences aussi, des gestes peuvent être porteurs de sens ou au contraire nous inspirer du dégoût. Et cela peut évoluer avec le temps. Dans un sens ou dans un autre.
Parfois, un accompagnement thérapeutique peut aider à libérer notre expression sexuelle. A partir du moment où c’est une démarche libre.
Certaines personnes venant en thérapie attendent un résultat rapide. Et cela peut se comprendre. Cela arrive… quand c’est « écologique », bon pour la personne.
Parfois, cela ne se fait pas de suite. Faut-il s’en étonner ? Le thérapeute lui-même ne saurait « imposer » un changement, fut-elle une libération. En effet, le thérapeute ne ferait alors que reproduire dans le domaine professionnel, ce que le partenaire réclame dans le domaine affectif. Il est important que l’accompagnement thérapeutique se fasse libre, respectueux, sans obligation de résultat en ce domaine précis, aussi étonnant que cela puisse paraître.
Alors, ne se sentant plus obligé d’y parvenir, la personne accueillir peut s’autoriser à ouvrir un chemin de libération qui prendra le temps dont elle a besoin.
Bien souvent, le résultat ne se fera alors plus attendre.