Prendre soin : une démarche rationnelle.
Prendre soin relèverait plus de la raison que de l’émotion. Il s’agit pour le soignant comme le thérapeute de savoir garder une certaine distance avec son patient. Il ne doit se présenter ni comme un « sauveur » ni comme une éponge absorbant tous les malheurs du monde.
Place de l’émotion dans nos décisions.
Peut-être surestimons-nous la place du rationnel dans nos pratiques. Antonio Damasio, médecin spécialisé dans les neurosciences, le rappelle : » Nos décisions sont souvent influencées par des aspects affectifs et émotionnels« . Par exemple, nous le savons, la musique adoucit la douleur. Nous pourrions penser que c’est par l’effet de distraction qu’elle produit. Sans nier cela, il s’agit aussi de prendre en compte l’émotion qu’elle induit.
Autre exemple : un médicament comme une thérapie est d’autant plus efficace que la relation avec le professionnel se passe bien.
Place du corps émotionnel.
Plusieurs approches thérapeutiques aujourd’hui, vont travailler avec l’émotion ressentie dans le corps.
Paul Eckman, considéré comme l’un des plus éminents psychologues du XX ème siècle, constate: une personne qui garde la posture de la tristesse, notre esprit va être dans cette émotion, et non inversement.
Woody Allen, metteur en scène bien connu pour son humour s’interrogeait ainsi : « Y a-t-il une séparation entre le corps et l’esprit ? Et si oui, laquelle vaut-il mieux avoir ? « .
Réconcilier la raison et l’émotion.
La séparation du corps et de l’esprit, comme de la raison et de l’émotion, est une impasse. Prendre l’être humain dans sa globalité c’est l’aider à trouver sa juste posture face au problème ou la maladie auquel il est confronté.
Le thérapeute ne va donc pas se focaliser sur le problème lui-même mais sur le lien que la personne entretient avec le symptôme. La représentation qu’elle se fait de sa maladie, de sa douleur.
C’est en cela qu’il y a tout une part, d’irrationnel, de ressenti, à prendre en compte.
C’est le vivant qui guérit.
Edgar Morin, sociologue et philosophe, écrivait : « Connaître et penser, ce n’est pas arriver à une vérité absolument certaine, c’est dialoguer avec l’incertitude« .
Oui, l’être humain porte en lui, tel un iceberg, un pan bien plus grand d’irrationnel, d’inconnu, de mystère, tout simplement parce que c’est un vivant.
C’est pourquoi,pour être un bon thérapeute, il faut être un bon vivant. Il s’agit d’être ouvert non seulement sur la science de son art mais aussi sur la vie elle-même.
