Quand l’homme du XXIème siècle se trouve déstabilisé.

Il peut paraître étonnant de recevoir aujourd’hui en cabinet tant d’hommes perdus dans leur identité. Certes, la place de la femme a bien évolué depuis le siècle dernier et c’est loin d’être terminé. L’homme serait-il déstabilisé par cette évolution ?

1. L’évolution de la femme a bousculé la place de l’homme.

   Quand j’accueille cet homme se demander s’il est un homme, un vrai, depuis qu’il a des difficultés d’érection…et cet autre écartelé entre trop d’attentes des femmes qu’il imagine : un homme à la fois tendre et fort, rassurant et fragile.

   Quand j’accueille cette femme s’interrogeant sur la virilité de son mari moins désireux de sexe qu’elle-même.

   Quand j’entends cet homme multipliant les expériences sexuelles et souffrant de ne pas être à l’aise dans la relation à celle qu’il aime…et cet autre s’inquiétant de sa capacité à faire que sa compagne ait un orgasme.

   Quand j’entends cette femme blessée par son mari plus porté sur le porno que sur elle-même.

   Quand je vois cet homme effondré depuis que son entreprise a fait faillite, se demandant qui il est aujourd’hui …et cet autre me raconter sa difficulté à se positionner dans le conflit entre sa mère et sa femme.

   Quand je vois cette femme assise dans mon cabinet accusant son mari de tous les maux du couple et lui, rajoutant sur son état de nullité.

   Quand je reçois cet homme torturé par son attirance pour les femmes sans oser croire en sa capacité à séduire…et cet autre désireux de changer de sexe car se sentant plus femme que homme.

   Quand je reçois cette femme parler de son compagnon parler comme de quelqu’un « qui ne pense qu’à ça »…et cette autre déstabilisée par son compagnon plutôt « papa poule » et beaucoup moins « amant ».

   Quand j’écoute cet homme n’osant pas dire non à sa femme de peur de lui faire mal… et cet autre tellement gentil qu’il ne comprend pas la demande de son coach sportif d’être plus agressif sur le terrain.

   Quand j’écoute cet homme, cette femme, je me dis que nous n’avons pas fini avec ces images de ce que doit être un homme et de ce que doit être une femme.

2.  Etre un homme au XIXème siècle.

   Etre un homme aujourd’hui est devenu pour nombre d’entre nous, un effort, un souci.

   Et si nous prenions les choses du bon côté !

   S’affirmer comme homme aux côtés d’une femme qui prend aussi sa place. Comme s’il y avait de la place pour deux !

   Accueillir l’homme que je suis, dans toutes ses composantes de forces et de faiblesses, de pulsions et d’émotions, de tendresse et d’agressivité…Comme s’il y avait de l’espace en moi pour tout.

   Échanger avec les autres hommes, si différents dans leur virilité.

   Découvrir les femmes, si différentes dans leur féminité, acceptant de ne pas les connaitre pour mieux les rencontrer.

   Il est vrai que lorsque les repères disparaissent, l’homme peut se sentir perdu sans modèles auxquels s’identifier.

   Si l’homme s’efface pour laisser place à la femme, il disparaît. Si l’homme reste planté sur ses positions, il s’isole.

   Si l’homme cherche à se construire au regard de la femme dont il est é-perdu, il pourrait ne pas se trouver.

3. Alors que faire ?

   Peut-être juste, sans autre révolution, accepter d’évoluer.

   Devenir ce que je suis. Et non pas suivre ce que je devrais devenir.

   Juste être soi, dans la rencontre du même : l’homme.

   Juste être soi, dans la rencontre du différent : la femme.

   Sachant que l’homme que je rencontre est aussi différent que moi, tout comme la femme que je rencontre est mon semblable.

   Alors, faisons un pas de côté.

   Non parce que la femme serait née de mon côté, comme si elle devait toujours rester de mon côté, du bon côté.

   Mais pour éviter la rencontre frontale et laisser place à la relation.

   Un pas de côté,

   Comme un pas de danse.

   Et remettre en mouvement la rencontre de l’homme que je suis et de la femme que tu es.