Le confinement a mis à mal bien des processus de deuil, rendant la mort encore plus seule que d’habitude. Dans une société dans laquelle la mort est devenue un acte individuel plus que communautaire, il est difficile parfois aux morts comme aux vivants de trouver leur place. D’où l’importance non seulement des rites mais aussi des rites sociaux, communautaires.
Car penser le deuil comme étant un acte individuel, c’est passer à côté de ce qu’est la vie : tout sauf un passage tout seul. La vie est relation. La mort doit être aussi relation. Le deuil doit être vécu dans un espace relationnel dans lequel les liens vécus par cette personne aujourd’hui défunte vont aider à entrer dans une nouvelle étape de vie.
Comment ? En permettant que vivent encore ces objets, ces lieux, ces personnes qui parlent encore de la relation que le vivant continue d’entretenir avec le défunt. Contrairement à ce que l’on pourrait parfois penser, ces souvenirs, ces mémoires, ne sont pas des obstacles à faire son deuil. Elles peuvent permettre au contraire le passage du deuil.
Voyez notre besoin parfois de parler du défunt, de regarder un album photos, de réécouter des musiques qu’il aimait, de retrouver tel ami que nous avions en commun ou tel lieu rempli de souvenirs. Et si tout cela nous gardait vivant alors que lui est mort ?
Alors, si vous vous rappeliez, au travers de tous ces souvenirs, ce que vous y avez reçu, vécu et ce que toutes ces mémoires racontent non seulement de lui mais aussi de vous ? Qu’avez-vous reçu ce jour-là qui reste vivant en vous ? Comment vous a-t-il regardé cette nuit-là ? Qu’a-t-il vu en vous et qui vous permet aujourd’hui de pouvoir faire ce deuil ?
Oui, faire son deuil, c’est peut-être faire quelque chose de ce qu’il a laissé de vivant en vous.